Ce photo-reportage s’articule à un article rédigé par Tom Préel. Pour en savoir plus sur les jeunes d’Halabja, vous pouvez lire son article ici .
Vivant dans une ville voisine de Halabja, j’ai toujours été profondément conscient des luttes quotidiennes et de l’esprit de résistance de sa jeunesse. En tant que photographe, mon travail permet souvent de combler les fossés culturels et sociaux, en mettant en lumière des histoires qui, autrement, ne seraient pas racontées. Les jeunes d’Halabja, avec leurs défis uniques et leur détermination inébranlable, ont toujours occupé une place spéciale dans mon cœur. Ce projet est un hommage à leur vie quotidienne, à leurs espaces de réconfort et à leurs batailles silencieuses. En grandissant dans la région kurde, j’ai été baigné dans des histoires riches et des communautés dynamiques, mais j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de représentation visuelle de ces récits. Mon inspiration vient d’un désir de documenter et de partager les expériences brutes et non filtrées des gens, en particulier de ceux qui vivent en marge de la société. La capacité de figer un moment dans le temps et de transmettre des émotions, des luttes et des joies à travers une seule image me motive à poursuivre ce travail.
Les jeunes de Halabja sont confrontés à de nombreux défis : taux de chômage élevé, infrastructures sociales limitées et sentiment de marginalisation géographique et sociale. Malgré ces difficultés, ils trouvent des moyens de créer des espaces d’appartenance et de communauté. Les maisons de thé (chaikhanah), les salles de billard et les groupes de motards leur servent de sanctuaires, où ils peuvent se réunir, socialiser et échapper momentanément à leurs difficultés quotidiennes. Ayant des amis à Halabja et vivant à quelques kilomètres de là, j’ai un lien personnel avec leurs histoires. Je comprends leurs habitudes et l’importance de ces espaces communs. Cette proximité me permet de saisir leur vie de manière authentique et respectueuse, en soulignant à la fois leur résilience et les dures réalités qu’ils affrontent.
Dans mes photographies, je cherche à montrer la vie quotidienne des jeunes d’Halabja et de leurs communautés. En me concentrant sur leurs interactions dans les maisons de thé, les salles de billard et les groupes de motards, je donne un aperçu de leur monde, un monde souvent méconnu dans les récits plus larges sur le Moyen-Orient. Mon choix d’utiliser la photographie en noir et blanc est intentionnel. L’élimination des couleurs attire l’attention du spectateur sur les sujets et leur environnement, en mettant l’accent sur les émotions brutes et l’atmosphère dense de leur milieu.
La photographie en noir et blanc ajoute également une qualité intemporelle aux images, permettant aux histoires des jeunes d’Halabja de transcender le moment immédiat et de résonner à un niveau plus profond. Elle met en évidence les contrastes et les textures de leur vie quotidienne, des murs écaillés des salles de billard aux visages expressifs des jeunes hommes rassemblés dans leurs espaces sociaux.