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Axe 3 – Conflictualités et violence(s)

Présentation

Les mots véhiculent des représentations et des imaginaires qui varient selon de nombreux paramètres. Le terme violence ne fait pas exception. Ses définitions, ses champs d’applications et ses usages diffèrent selon les contextes spatiaux et temporels. Chaque société, en fonction de son histoire, développe une perception spécifique de la violence et ajuste son seuil de tolérance à ce qu’elle considère comme acceptable ou non. Toutefois, « si toute forme de violence est par essence “abus”, certaines font […] l’unanimité par leur caractère extrême » (Pierre, 2016).

Les préjugés et l’application de grilles d’analyse occidentales sur la violence dans les Afriques engendrent des raccourcis et des « classifications hâtives », qui dépeignent un continent marqué plus qu’ailleurs par la violence, mais souvent réduit à celle-ci dans les discours occidentaux. Cette réduction porte le risque de considérer la violence comme « traditionnelle », « naturelle », « consubstantielle » aux Afriques, voire à la considérer, en Afrique, comme une fin en soi. Ces clichés, hérités de la colonisation, découlent pour partie des classifications coloniales et de l’invention, entre autres,  des « races guerrières ».

(Re)penser les concepts de violence et de conflictualités dans les Afriques et leur articulation, implique d’interroger les mécanismes de montée et d’entrée en violence. Cela suppose également d’examiner le rôle des médias, des images et des représentations dans la construction des représentations pour interroger le  « CNN effect », c’est-à-dire « la médiatisation outrancière des violences qui va de pair avec un autre lieu commun, selon lequel les affrontements seraient plus meurtriers qu’autrefois ».

Par ailleurs, la confusion entre les types de violence complique la compréhension. Bien que « la violence de guerre [soit] par définition, plurielle » (Audouin-Rouzeau, 2010), distinguer les différentes formes de violence reste une nécessité analytique. Pourtant, cette pluralité est telle que « la délimitation de ce qui définit le fait guerrier paraît de moins en moins assurée ». Questionner la conflictualité et la violence implique donc d’examiner, en lien avec cette articulation, les violences politiques, symboliques, étatiques, etc., qui peuvent conduire à l’entrée dans une violence de guerre.

Références bibliographies

  • Ahluwalia, P., Bethleham, L., & Ginio, R. (2007),  Violence and Non-Violence in Africa, Londres : Routledge.
  • Apard, E. & Maingraud-Martinaud, C. (2021). Etudier la violence en Afrique : apport des sources, enjeux de terrain et considérations éthiques. Sources : Matériaux & terrains en études africaines, n°2, p. 3-22.
  • Bangoura, D. (1992), Les armées africaines (1960-1990), CHEAM.
  • Cramer, C., Hammond, L., & Pottier, J., (2011). Researching Violence in Africa: Ethical and Methodological Challenges. Leyde et Boston : Brill.
  • Porter, P. (2009). Military Orientalism. Eastern War Through Western Eyes. Columbia : Columbia University Press.
  • Semelin, J. (2009). Purifier et Détruire. Usages politiques des massacres et génocides. Paris : Le Seuil.
  • Stapleton, T. (2018). Africa: War and Conflict in the Twentieth Century. Londres : Routledge.
  • Williams, P.-D. (2016). War and Conflict in Africa. Polity.

Séances du séminaire

Séance 2 – Lénonel Noubou Noumowe. La décolonisation prise de vue : genèse, enjeux, usages et statut de la photographie dans la guerre de décolonisation du Cameroun (1955-1971). 22 novembre 2024.

Publications