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Les musulmans à Bangalore sous Narendra Modi: une perspective du sud de l’Inde

Noria Research

Cet article revient sur l’évolution rapide de la réception par les musulmans de Bangalore de la politique de Narendra Modi. Alors qu’une enquête en août 2014 révélait une relative sérénité suite au récent changement du pouvoir central, celle-ci s’est muée en une inquiétude bien plus marquée lors d’un deuxième terrain en août 2015. La situation observée en 2014 est ici analysée en premier lieu vis-à-vis de son contexte national puis remise en perspective au vu des ces récentes transformations[mfn]Cet article a été écrit avant le lynchage de Dadri. Dans la nuit du 28 septembre 2015, une foule s’est attaquée à une famille musulmane dans le village de Bisara, près de Dadri, en Uttar Pradesh, tuant Muhammad Akhlaq Saifi, 52 ans, et blessant grièvement son fils de 22 ans. L’attaque a eu lieu suite à une fausse rumeur selon laquelle la famille aurait tué et mangé une vache lors de l’Eid-ul-Adha (Bakrid)[/mfn].

En mai 2014, la victoire des nationalistes hindous aux élections législatives, sous la houlette du Bharatiya Janata Party (BJP), a permis à Narendra Modi de se hisser au pouvoir comme Premier ministre, alors même que son degré de responsabilité dans les pogroms anti-musulmans du Gujarat en 2002[mfn]Narendra Modi était alors Premier ministre (Chief minister) de l’État du Gujarat[/mfn] avait soulevé nombre d’interrogations[mfn]Charlotte Thomas, Domination et résistance de la minorité musulmane d’Ahmedabad (Gujarat) après le pogrom de 2002: les paradoxes de la ghettoïsation à Juhapura, Thèse de doctorat, IEP de Paris, 2014.[/mfn]. Modi a certes mené une campagne centrée sur le thème d’un développement de l’Inde associant l’ensemble de la société, y compris les minorités religieuses. Cependant, dès les premiers mois de la victoire du BJP, des tentatives de polarisation entre la majorité hindoue et les minorités religieuses ont été menées par les plus hautes sphères de l’État central. Dans quelle mesure le phénomène affecte-t-il l’Inde dans son ensemble ? Comment les différences régionales se manifestent-elles ?

Cet article propose de répondre à ces questions en prenant comme cas d’étude la ville cosmopolite de Bangalore considérée comme la Silicon Valley indienne. Située dans l’État méridional du Karnataka, cette ville présente non seulement l’intérêt d’abriter un nombre de musulmans correspondant à la moyenne nationale (14%), et originaires de diverses régions de l’Inde, mais elle est aussi connue pour la relative harmonie communautaire caractérisant les relations entre hindous et musulmans et engendrant chez ces derniers un sentiment de sécurité[mfn]Aminah Mohammad-Arif , « Muslims in Bangalore : A Minority at Ease ? », in Laurent Gayer et Christophe Jaffrelot, dir., Muslims in Indian Cities: Trajectories of Marginalization, Londres, Hurst, 2012, pp. 287-310.[/mfn]. Ce sentiment résiste-t-il aux coups de boutoir portés à l’échelle nationale, voire régionale (Karnataka), par les nationalistes hindous ?

Tentatives de polarisation au niveau national

Depuis son arrivée au pouvoir, la politique menée par le BJP a été immédiatement marquée par des tentatives tous azimuts de polariser les groupes religieux. Si certaines régions de l’Inde ont été directement plus affectées que d’autres (comme l’État de l’Uttar Pradesh, au nord de l’Inde), aucun État n’est vraiment épargné compte tenu de l’accès généralisé à l’information en Inde.

Ces tentatives de polarisation revêtent d’abord la forme d’une agitation verbale qui se traduit par des déclarations fracassantes au plus haut niveau, émanant non pas directement de Narendra Modi, mais de membres de son gouvernement, et ce tout particulièrement lors de campagnes électorales. Sushma Swaraj, ministre des Affaires étrangères, a ainsi affirmé que la Bhagavad Gita[mfn]Partie centrale de l’épopée du Maharabharata, la Bhagavad Gita est l’un des textes fondamentaux de l’hindouisme[/mfn] était le Livre national de l’Inde tandis que la ministre chargée des droits des femmes et des enfants, Maneka Gandhi, déclarait que les bénéfices provenant de l’abattage des vaches[mfn]Sujet extrêmement sensible en Inde compte tenu du caractère sacré de la vache dans l’hindouisme.[/mfn] servaient à financer des activités terroristes (attribuées ainsi implicitement et a priori à des musulmans). Quant à la secrétaire d’État à l’Industrie alimentaire, Sadhvi Niranjan Jyoti, elle a opposé, dans un discours prononcé en pleine campagne électorale, deux catégories d’Indiens, les Ramzade (littéralement « fils de Ram », formulation désignant les hindous) et les Haramzade (littéralement « bâtards », soit ici les non-hindous).

Mais cette polarisation s’effectue surtout par une instrumentalisation de sujets historiquement exploités par les nationalistes hindous comme les conversions à l’islam, les mariages mixtes ou encore l’abattage des bovins[mfn]Pour l’heure, selon les États, il existe diverses législations sur la question. Le Karnataka est régi par une loi de 1964, le Karnataka Prevention of Cow Slaughter and Cattle Preservation Act, qui interdit l’abattage des vaches, des veaux et des bufflonnes mais autorise celui des bœufs et des buffles âgés de plus de 12 ans.[/mfn]. Les campagnes pour les reconversions forcées à l’hindouisme et contre les mariages mixtes ont été ainsi agrémentées de noms accrocheurs destinés à susciter des émotions comme la peur (love jihad[mfn]Le terme aurait été utilisé pour la première fois en 2007 dans le Gujarat : http://indianexpress.com/article/india/india-others/who-loves-love-jihad/[/mfn]) ou, au contraire, la fierté (ghar vapsi ou « retour au bercail ») parmi la majorité hindoue. Love jihad évoque l’idée d’un complot de musulmans visant à séduire des femmes hindoues pour les convertir ; ghar vapsi fait référence à des conversions de force à l’hindouisme justifiées par le fait que les ancêtres des personnes converties étaient hindous. Si ces deux thèmes sont surtout mobilisés en période (pré-)électorale, de façon épisodique, la question de l’abattage des vaches, elle, représente un enjeu récurrent, visant directement les musulmans à la fois parce que ces derniers sont très présents dans l’industrie bovine (la plupart des bouchers sont musulmans), mais aussi parce qu’ils sont de grands consommateurs de bœuf, viande moins onéreuse que les autres. Cette question s’est déjà traduite par des mesures législatives dans certains des États où les nationalistes hindous sont au pouvoir : depuis avril 2015, la consommation de viande bovine est ainsi passible de prison au Maharashtra, État ayant Bombay comme capitale, et dans le Haryana.

Un autre secteur traditionnellement visé par les nationalistes hindous est celui de l’éducation. Certaines personnalités, parmi lesquelles des ministres, se sont par exemple déclarées en faveur d’une place plus importante des textes mythologiques hindous dans le curriculum scolaire . Certains États sont allés plus loin en prenant des mesures concrètes : au Haryana, la Bhagavad-Gita fait désormais partie du programme scolaire[mfn]http://www.washingtonpost.com/national/religion/indias-new-school-textbooks-favor-hindu-nationalist-themes-making-minorities-uneasy/2015/03/19/30b5dad6-ce4a-11e4-8730-4f473416e759_story.html[/mfn]. D’autres initiatives n’émanent pas nécessairement des hautes sphères de l’État mais elles sont tout aussi révélatrices d’une polarisation croissante et visible : dans la ville d’Ahmadabad, des écoles dans lesquelles les majorités hindoues ou musulmanes sont écrasantes ont ainsi choisi de se distinguer par la couleur de leurs uniformes[mfn]Safran pour les enfants hindous, vert pour les enfants musulmans. http://indianexpress.com/article/cities/ahmedabad/saffron-green-ahmedabad-municipal-body-schools-colours-apart/[/mfn].

Quelles répercussions au niveau local ?

Pour l’heure, le Karnataka, où le Congrès est au pouvoir, reste à l’abri de lois susceptibles d’affecter les minorités religieuses. Il est certes trop tôt pour déterminer si l’élection de Narendra Modi provoquera une escalade dans les secteurs où la discrimination existe déjà à l’encontre des musulmans (notamment en matière de logement et d’emploi), voire s’étendra à d’autres secteurs ; mais le risque que la victoire des nationalistes hindous au niveau central enhardisse les velléités de violence ou de discrimination au niveau local n’est pas négligeable. Des exemples de telles dynamiques ont été récemment constatés à Bombay où un jeune musulman, titulaire d’un MBA, se portant candidat à un poste de marketing dans une société privée spécialisée dans l’exportation de diamants (Hare Krishna Imports) a reçu en mai 2015 une lettre de rejet énonçant les motifs suivants « Nous avons le regret de vous informer que nous n’embauchons que des non-musulmans »[mfn]http://www.firstpost.com/mumbai/shocking-muslim-youth-denied-job-by-company-hiring-only-non-muslim-candidates-2256142.html[/mfn].

Surtout, les nationalistes hindous[mfn]J’emploie ici « nationalistes hindous » plutôt que « BJP » car celui-ci n’est pas systématiquement impliqué dans les violences inter-communautaires. Elles peuvent être organisées à l’initiative d’autres mouvements s’inspirant de la même idéologie comme le Bajrang Dal par exemple[/mfn] sont parvenus à s’implanter dans diverses régions du Karnataka. Cet État est même considéré comme leur bastion dans le sud de l’Inde. Particulièrement emblématique de ce phénomène est la ville de Mangalore où ils ont notamment créé une police morale chargée de veiller aux « bonnes mœurs ». En réponse, les musulmans ont fondé leurs propres brigades comme la Muslim Defence Force. Chacun des groupes lutte notamment contre les fréquentations entre jeunes filles de sa communauté et garçons de l’autre communauté. Au-delà de la lutte contre la mixité religieuse dans les rapports hommes/femmes, l’influence des nationalistes hindous à Mangalore se manifeste aussi par une discrimination contre les musulmans, comme le suggère le pourcentage très élevé de musulmans en prison, avancé par un journaliste : 40% de la population carcérale[mfn]http://www.karnatakamuslims.com/portal/40-percent-inmates-in-mangalore-prison-are-muslims-soorinje/[/mfn](parmi laquelle un nombre important de jeunes sur lesquels pèsent, souvent à tort selon nombre d’associations, islamiques ou non, des accusations de terrorisme). Face à cette situation, des groupes de résistance aux nationalistes hindous se sont formés ces dernières années comprenant des musulmans s’alliant parfois à des dalits[mfn]Nom politiquement connoté correspondant à ceux que la tradition brahmanique désigne comme intouchables.[/mfn] et à des basses castes, comme le Karnataka Forum for Dignity, devenu en 2010 le Popular Front of India. Cette résistance se traduit notamment par des contre-manifestations en riposte aux mobilisations des nationalistes hindous. De part et d’autre sont alors brandis des slogans ou des affiches hostiles à l’Autre.

Bangalore, un havre de paix ?

En dépit de cette situation, une enquête de terrain réalisée en août 2014 à Bangalore auprès de jeunes ingénieurs musulmans a montré une absence, presque étonnante, d’inquiétude face à l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP) sous l’égide de Modi. Voici quelques réponses emblématiques : « Pour l’instant, je ne suis pas inquiet, Modi a d’autres chats à fouetter »[mfn]Akmal, 22 ans, en stage dans une grande société informatique[/mfn]; « Je ne pense pas que ce soit pire sous Modi que sous le Congrès »[mfn]Humeira, 27 ans, ingénieure dans une multinationale spécialisée dans l’informatique.[/mfn]; « Je ne suis pas très inquiète, Modi nous a montré un avenir brillant. En tant que nation, il y aura peut-être beaucoup de changements »[mfn]Shahnaz, 34 ans, doctorante en ingénierie mécanique[/mfn].

Pour tenter de comprendre cette apparente sérénité, il faut replacer les musulmans de Bangalore dans le contexte historique et politique local. Tout d’abord, la ville se caractérise par un cosmopolitisme important qui résulte principalement d’une migration substantielle et continue de divers groupes religieux et linguistiques depuis le XVIIème siècle. Ce cosmopolitisme s’observe avant tout dans la langue, puisque selon le recensement de 1991, seuls 35% de la population parle le kannada, la langue régionale, contre 25% le tamoul, 17% le telougou[mfn] Janaki Nair, The Promise of the Metropolis : Bangalore’s Twentieth Century, Delhi, Oxford University Press, 2005[/mfn] 12,7% l’ourdou[mfn]http://www.languageinindia.com/dec2002/urduinkarnataka.html.[/mfn].

Ensuite, les musulmans, aussi hétérogènes soient-ils, bénéficient d’une situation plutôt privilégiée, par rapport à celle de leurs coreligionnaires ailleurs en Inde, laquelle plonge ses racines dans une combinaison de facteurs. Les politiques locales de l’État princier de Mysore puis du Karnataka après l’indépendance de 1947 ont été en effet favorables aux minorités (système de réservation[mfn]Les réservations en Inde correspondent à un système de quotas mis en place pour certaines catégories de la population considérées comme désavantagées. Ce système est appliqué principalement dans le système éducatif, l’administration et les assemblées élues[/mfn] pour les basses castes dès 1972 ; première Commission, puis premier ministère établis en Inde pour les minorités, création d’un organisme d’aides financières aux minorités, etc.). En comparaison de leurs coreligionnaires habitant d’autres régions, les musulmans de Bangalore ont des niveaux d’éducation plus élevés (81,3% pour les hommes, 77,2% pour les femmes en 2001) et ont partiellement bénéficié de l’immense boom économique de la ville. Bien qu’il soit difficile d’avancer des chiffres, cette situation privilégiée a permis l’émergence de classes moyennes démographiquement significatives, et surtout très dynamiques dans l’établissement d’institutions vouées à promouvoir le développement « communautaire » (écoles, colleges, hôpitaux, associations caritatives, maisons de publications, etc.). Sur le plan politique, les musulmans n’ont historiquement pas représenté un objet de polarisation entre partis politiques, les clivages s’opérant essentiellement autour des questions de caste. Quant à la violence politique, si des émeutes[mfn]Les deux principales émeutes obéissaient aux raisons suivantes : outrage moral (protestations violentes de musulmans contre un article sur le Prophète publié dans le Deccan Herald en 1986) ; nationalisme linguistique des locuteurs du kannada, la langue régionale du Karnataka (émeutes en 1994 en réaction à la diffusion d’un journal télévisé en ourdou – langue identifiée aux musulmans – à une heure de grande audience). [/mfn] les ont parfois opposés à la majorité hindoue, elles sont rares et ont été jusqu’à présent peu meurtrières, comparées à d’autres régions de l’Inde (le maximum atteint est de 25 morts en 1994) et même du Karnataka.

Enfin, il existe aussi à Bangalore une tradition de « dialogues interconfessionnels » qui se manifeste par la tenue assez régulière de réunions rassemblant des représentants de diverses communautés, où sont promus des discours pacifiques et d’entente mutuelle. Ces réunions sont organisées à l’initiative de groupes sécularistes comme le Karnataka Communal Harmony Forum mais aussi de groupes représentant les intérêts d’une communauté particulière, les musulmans, les chrétiens, ou encore les dalits. Cette combinaison de facteurs a eu pour effet de susciter chez les musulmans, en tant que minorité religieuse, un sentiment de sécurité, y compris dans les quartiers défavorisés, ainsi qu’une enquête de terrain effectuée en 2010 avait permis de le constater, alors que le BJP avait pris le pouvoir au niveau local (2008-2013)[mfn]Aminah Mohammad-Arif, op cit[/mfn]. Ce sentiment n’exclut pas des critiques envers l’État ; cependant celles-ci sont essentiellement formulées en termes de discrimination sociale et non religieuse.

Outre ce contexte favorable, d’autres raisons pouvaient expliquer l’absence initiale d’inquiétude marquée face à la victoire de Modi, comme le rejet généralisé de la classe politique, au-delà des partis, symptomatique surtout d’une grande déception face au Congrès, largement partagée en Inde, pour maintes raisons : corruption généralisée, gouvernance « molle », protection insuffisante des droits des minorités. Ce mécontentement ne se traduit pas nécessairement par un vote pour le BJP (selon un sondage du CSDS[mfn]The Centre for the Study of Developing Societies[/mfn], 8% des musulmans ont voté pour ce parti aux élections nationales de 2014) mais la victoire des nationalistes hindous ne suscite pas forcément un rejet radical à Bangalore, ni même une appréhension très palpable. Au contraire même, les retards de développement (infrastructures, eau, électricité) affectant les Indiens par-delà l’appartenance religieuse, les espoirs d’amélioration du quotidien suscités par les promesses de Narendra Modi sont partagés par un certain nombre de musulmans, issus en particulier des classes moyennes.

Les musulmans de Bangalore se voient donc confrontés à une situation où s’articulent un contexte local globalement favorable aux musulmans et un contexte national entretenant un sentiment permanent de vulnérabilité. Toutefois, les coups de boutoir portés au niveau national commencent à ébranler le sentiment de sécurité des musulmans, ainsi que le montrent des entretiens effectués en août 2015. La sérénité observée l’an passé est en effet progressivement remplacée par une appréhension bien plus marquée. Les discours et les mesures prises au niveau national et en diverses régions de l’Inde sont considérés par les musulmans rencontrés comme leur étant directement hostiles. La toute récente exécution de Yaqub Memon pour sa participation aux attentats de Bombay (30 juillet 2015), alors que des ministres ou des officiels accusés de complicité dans les pogroms du Gujarat (2002) ont été acquittés, a renforcé le sentiment du « deux poids deux mesures » des musulmans à travers l’Inde tout entière sans épargner Bangalore. Enfin, la victoire aux élections municipales de Bangalore (Bruhat Bengaluru Mahanagara Palike) des nationalistes hindous le 25 août 2015 risque d’accroître plus encore le sentiment de vulnérabilité des musulmans de la ville.

Pour l’heure, les discours et les actions des musulmans de Bangalore restent avant tout canalisés par des organisations et des mouvements promouvant des relations inter-communautaires harmonieuses. Mais si les nationalistes hindous poursuivent leur politique de polarisation, des groupements plus radicaux pourraient gagner les faveurs des musulmans, tel le Majlis-e-Ittehadul Muslimeen ou Conseil d’Union des Musulmans, qui, après sa percée inattendue aux dernières élections du Maharashtra, entend désormais étendre son influence à d’autres États comme le Karnataka. Ils ont ainsi présenté des candidats dans 30 des 198 circonscriptions (wards) de Bangalore lors des dernières élections municipales sans remporter un seul siège mais en marquant visiblement leur présence dans les quartiers musulmans de la ville. Créé en 1927 à Hyderabad, ce parti fonctionne comme une sorte de miroir inversé du nationalisme hindou, adoptant une rhétorique centrée sur la polarisation des communautés. Les risques que la tension entre contexte local et le contexte national finissent par avoir des effets délétères sur la situation locale ne sont donc pas négligeables, y compris dans une ville aussi cosmopolite que Bangalore.