Pourriez-vous nous éclairer sur les principales séquences historiques de migrations soudanaises vers l’Europe ? Quelles sont les particularités des migrants soudanais en Europe, et en quoi leurs profils se distinguent des individus ayant migrés dans le Golfe ?
Alice Franck : On peut dire qu’il y a une ancienne immigration soudanaise en Europe, plutôt composée de populations appartenant à l’élite, qui se dirigeaient en priorité vers l’Angleterre. Les réfugiés politiques qui sont apparus en France à compter des années 1990 en lien avec le coup d’Etat de Omar el-Beshir étaient peu nombreux. L’ensemble de la population soudanaise en France, comptabilisée en 19901, aurait représenté moins de 1000 personnes. Dans les années 1990, la population soudanaise en France se structurait entre le personnel de l’ambassade du Soudan, les réfugiés politiques – plutôt communistes – et des migrants économiques.
À partir de 2005, en lien avec la crise du Darfour, les migrations soudanaises en France sont devenues plus importantes et se sont accentuées ces dernières années, depuis 2010 notamment. Les Soudanais ont été pendant deux ans – en 2015 et 2016 – la première nationalité demandeuse d’asile en France2. L’asile est en effet la principale solution administrative et juridique envisageable pour les jeunes hommes originaires du Darfour et des autres régions périphériques en conflit pour stabiliser leur présence sur le territoire français, en raison de politiques migratoires nationales et européennes toujours plus restrictives.
L’augmentation du nombre de migrants soudanais qu’on a pu constater ces dernières années en France est bien sûr liée au conflit au Darfour, mais elle est aussi à mettre en perspective avec les cadres légaux des politiques d’asile, qui s’adressent principalement aux populations originaires de régions reconnues par les instances internationales et locales de la migration comme étant en crise. On retrouve à l’œuvre cette distinction entre les nouveaux arrivants et une diaspora soudanaise plus ancienne, plus éduquée, issue des classes plus aisées au Soudan. Les migrants soudanais ambitionnent généralement le passage en Angleterre via Calais, mais ce dernier est de plus en plus difficile.
En Angleterre, où la population soudanaise était déjà plus importante, elle a aussi considérablement augmenté ces dernières années passant de 10 000 personnes recensées en 2000 à près de 20 000 personnes en 20153. Les demandes d’asile sont en revanche plus faibles qu’en France : 1500 environ en 2014 et en 2016 contre 3000 et 9000 environ pour la France aux mêmes dates4, témoignant sans doute de divergence en matière de catégorie statistique et de politique d’accueil.
En comparaison, la migration dans le Golfe est bien plus notable et représentative des pratiques migratoires soudanaises : alors que l’Europe accueillait en 2015 environ 45 000 Soudanais, 600 000 vivaient dans les pays du Golfe et notamment en Arabie Saoudite la même année. Cette migration ancienne est importante dès les années 1970, où se profile l’échec des politiques de développement, notamment agricoles, censées faire du Soudan le grenier à blé du monde arabe. Il s’agit d’une migration à caractère économique, régie par un système de sponsors (kafala) privés soutenu par les régimes du Golfe. À Khartoum, les quartiers de villas nés des remises migratoires soudanaises en provenance des pays du Golfe dans les années 1970 et 1980 portent des noms évocateurs de cet espace migratoire : Ryad, Taef, Al Mamoura.
Dans le contexte économique actuel au Soudan, et malgré un durcissement des politiques en matière de regroupement familial et de lutte contre l’immigration illégale, les pays du Golfe restent encore une opportunité majeure d’emploi pour les Soudanais. Si la population soudanaise y semble moins politisée qu’en Europe, cela s’explique par la présence moins importante d’espaces publics du politique et de mécanismes différents de légitimation et de négociation de sa place dans la société d’accueil. Cette place est davantage politique en Europe tandis qu’elle est plutôt économique dans le Golfe. Lorsqu’on tente de suivre le soulèvement actuel sur les réseaux sociaux, les rares images qui parviennent des pays du Golfe sont plus de l’ordre de la performance individuelle ou d’actions en petit comité – se filmer et/ou se photographier avec un drapeau soudanais en soutien aux manifestations dans le pays par exemple – que de celui de l’organisation d’un événement destiné à rendre visible le soulèvement hors de ses frontières.
Un ami soudanais résidant à Ryad me confirmait la semaine dernière l’absence de mobilisations soudanaises en Arabie Saoudite, en raison de l’impossibilité d’affirmer des revendications politiques depuis l’espace public saoudien. Il est donc probable que les activistes soudanais ne se dirigent pas en priorité vers les pays du Golfe où leurs actions sont limitées. Les actes de résistance y prennent ainsi des formes variées. Par exemple on a vu des artistes et des activistes soudanais, résidents en Arabie Saoudite lancer un appel pour poursuivre les manifestations, on peut aussi mentionner le groupe féminin de musique Salute yal Bannot, qui a profit d’un concert au Koweït pour parler de la situation au Soudan.
À partir de quand les Soudanais de la diaspora ont commencé à se mobiliser ?
On peut dire que la mobilisation de la diaspora soudanaise a été vraiment rapide, notamment en France. Si on considère que le mouvement révolutionnaire actuel a commencé par les manifestations à Atbara le 19 décembre, dès les 23 et 24 décembre il y avait une mobilisation de migrants soudanais à Paris, devant l’ambassade du Soudan. Dans le reste de la France, on observe cette même tendance : à Lyon et à Marseille par exemple, le 29 décembre il y a également eu des manifestations rassemblant une centaine de personnes.
« La forte mobilisation depuis l’étranger tranche avec le peu d’attention accordée au soulèvement soudanais par les médias classiques occidentaux. »
Mais ceci n’est pas propre à la France, ni à l’Europe, puisque le 24 décembre des Soudanais à La Haye et à Washington se mobilisaient en nombre également. C’est à partir de Noël que la mobilisation de la diaspora soudanaise prend de l’ampleur, s’organise, fédère des centaines de personnes et commence à être relayée sur les réseaux sociaux. Jusque-là des rassemblements spontanés de quelques dizaines de personnes avaient éclaté, notamment devant les ambassades du Soudan de pays où la population soudanaise est implantée : à Calgary et Edmonton au Canada, à Victoria et Melbourne en Australie, à Dallas, Houston, et dans l’Iowa aux Etats-Unis, à Dublin en Irlande, à Londres et Manchester en Angleterre, au Caire également où les velléités de rassemblement devant l’ambassade ont été rapidement mises à mal par les autorités égyptiennes. Cette réaction rapide s’est révélée solide puisque des Soudanais de la diaspora poursuivent leurs mobilisations. Cette forte mobilisation depuis l’étranger tranche avec le peu d’attention accordée au soulèvement soudanais dans ces mêmes pays par les médias classiques occidentaux.
Les leviers d’action politique sont-ils différents en fonction de la génération d’exil à laquelle les personnes appartiennent ?
Je suis justement en train d’essayer de recenser l’ensemble des événements publics qui ont lieu dans le monde en soutien aux manifestations au Soudan et je me heurte à une première difficulté, qui est celle de ma connexion en tant que chercheuse française à des canaux spécifiques de circulation de l’information. Le grand nombre d’événements que je recense en France (une trentaine depuis le 23 décembre contre 22 aux Etats-Unis) vient-il d’une meilleure connexion de ma part à la diaspora soudanaise en France, d’un relais médiatique plus important en France ou d’une différence des modes d’action qui expliquerait que certains m’échappent ? Un peu des deux il me semble.
Au-delà du nombre d’événements organisés, on peut déjà retenir de cette carte une information importante : la mobilisation des différentes communautés soudanaises dans le monde est plus ou moins centralisée selon les pays. Si on prend le cas de l’Angleterre, sur 19 manifestations publiques recensées, 13 ont eu lieu dans la capitale, principalement à Trafalgar square. C’est la grande différence avec ce qui se passe en France où l’ensemble des grandes villes ont été concernées par les mobilisations soudanaises (Paris, Lyon, Marseille) mais également des villes moyennes comme Dijon, Arras ou Poitiers. Ce phénomène traduit l’impact des politiques de dispersion des migrants récemment arrivés sur le territoire français, la volonté de désengorger Paris et de répartir les personnes en situation de migration sur l’ensemble du territoire national. On retrouve dans une moindre mesure ce phénomène en Allemagne. La diaspora soudanaise en Norvège apparaît également comme particulièrement active.
Le phénomène de concentration des événements de soutien en Angleterre par exemple traduit par ailleurs les capacités des différentes communautés soudanaises à se structurer et à organiser des rassemblements d’ampleur dans des lieux symboliques. Ainsi la réussite de la marche du 16 février à Washington, qui aurait rassemblé plus d’un millier de personnes, a eu un fort retentissement dans la population soudanaise. Des différentes régions du pays, des bus ont été affrétés témoignant des moyens matériels et financiers du mouvement de soutien dans la communauté soudano-américaine.
À l’échelle européenne, cette même volonté de rassembler s’est exprimée dans les marches, organisées le 2 mars à Bruxelles devant l’Union Européenne et le 22 mars à Genève devant le palais des Nations Unies. Elles ont rassemblé au-delà des frontières nationales. À l’occasion du 6 avril, la date anniversaire de la chute de Nimeyri en 1985 suite à une révolution pacifiste, un appel à manifester de manière simultanée dans le monde entier a été lancé par l’ASASU (Association of Sudanese abroad in Support Uprising in Sudan), et cette mobilisation à rencontrer beaucoup d’échos chez les soudanais de la diaspora.
Par ailleurs, il n’y a pas que des marches et des sit-in qui sont organisés. Plein de modes d’actions différents voient le jour au Soudan et hors du Soudan depuis le début du soulèvement. Des conférences de presse, des approches de partis politiques (parti socialiste en Angleterre, jeunes communistes à Lyon, etc.), de certains gouvernements (aux Etats-Unis notamment), des manifestations scientifiques, des concerts, et des événements hétéroclites liant information sur le contexte, militantisme et expression de solidarité sont organisés dans le but de rendre visible et de médiatiser un soulèvement qui peine depuis quatre mois à rencontrer l’intérêt des médias classiques et des diplomaties occidentales.
Les traducteurs ont trouvé un rôle à jouer dans la diffusion des informations sur le mouvement contestataire. Un groupe a été créé sur les réseaux sociaux : « Sudanese Translators for Change ». Depuis le 6 janvier 2019, il relaie et partage sur Facebook les dernières informations sur le soulèvement sur le terrain au Soudan en les traduisant au départ en anglais et aujourd’hui également en français, allemand, grec, espagnol, roumain. Ce réseau, qui s’est rapidement développé (ils ont débuté à trois et sont maintenant une quarantaine à appartenir au groupe), connecte des Soudanais basés aussi bien en Europe, qu’en Amérique ou dans les pays du Golfe et est une bonne illustration du soutien des activistes de la diaspora à l’échelle mondiale.
« Les fonds peuvent être récoltés aussi pour organiser des événements de soutien, financer des performances artistiques, et sûrement aussi pour soutenir sur place le mouvement. »
Toujours dans la perspective de rendre visible le soulèvement du Soudan, des collectifs organisent des performances artistiques, qui circulent ensuite sur les réseaux sociaux. C’est le cas en France du collectif ASUAD (Activist Sudanese United Against Dictatorship). Une affiche sérigraphiée représentant le Soudan en lutte est depuis peu en vente, de manière à soutenir les actions à venir, et est placardée dans certaines grandes villes françaises5. Il y a une réelle mobilisation artistique6 et cette dernière est autant tournée vers l’extérieur du Soudan que vers les Soudanais sur place. Il y a beaucoup de chansons et de poèmes, souvent en arabe, notamment de la diaspora pour dire leur impuissance de ne pas être au Soudan et pour témoigner leur soutien aux manifestants. On voit aussi circuler des vidéos, des caricatures, des dessins. Ils sont faits pour les gens au Soudan, les textes sont ainsi en arabe, parfois avec des sous-titres en anglais pour montrer ce qu’il se passe.
En parallèle, sont aussi organisées des caisses, des cagnottes de soutien qui semblent rencontrer un écho positif auprès de la communauté soudanaise à l’étranger. Par exemple, dans certaines villes où il y a des réunions pour parler du soulèvement, il y a parallèlement des ventes de gâteaux, des concerts organisés pour récolter des fonds pour les martyrs de la révolution et leurs familles, ça compte aussi ! Les fonds peuvent être récoltés aussi pour organiser des évènements de soutien (déplacements des activistes à Bruxelles, Washington, etc.), financer des performances (Collectif ASUAD), et sûrement aussi pour soutenir sur place le mouvement.
Existe-t-il également des mobilisations que l’on peut davantage décrire comme « institutionnelles » qui essaieraient de structurer le mouvement ? Qui sont les leaders de ces mobilisations politiques à distance, en Europe ? Voit-on apparaître un profil particulier de leader ?
Je pense qu’il est important de souligner qu’il y a eu un élan fort au sein de la diaspora soudanaise, qui, pour l’heure, a largement dépassé les clivages politiques, régionaux et ethniques habituels. En France, les jeunes hommes arrivés ces dernières années étaient davantage mobilisés sur la question du Darfour et des conditions d’accueil en France. Les manifestations en soutien du mouvement ont pourtant rassemblé l’ensemble des Soudanais y compris l’ancienne génération de migrants. On constate donc un rassemblement des forces, aussi bien des gens du Darfour, que ceux du nord et du centre du pays, également activistes, récemment ou plus anciennement installés en France.
Le phénomène doit être analysé en miroir des slogans inclusifs « On est tous Darfour » apparus au Soudan en réponse aux tentatives d’exacerbation des tensions régionales et ethniques du régime. L’objectif prioritaire du mouvement soudanais, celui de faire chuter le régime, crée un consensus au sein de la diaspora. Les Soudanais en France témoignent du fait que les discussions politiques sont aujourd’hui plus aisées et transcendent d’anciens clivages de classe, d’ethnie, etc.
Malgré tout, si on poursuit l’observation du cas français que je connais mieux, le soutien du mouvement évolue dans le temps, notamment à l’échelle micro-locale parisienne, où il y a plus de personnes mobilisées. Les manifestations rassemblent toujours largement l’ensemble de la population soudanaise, mais une myriade d’événements se développe parallèlement, et ces derniers sont portés tantôt par tel groupe de Soudanais en exil – les jeunes Darfouris récemment arrivés par exemple, ou tel autre – l’ancienne communauté d’exilé.
Donc en un sens les différentes générations d’exil jouent un rôle, mais ce n’est pas l’unique facteur de formation des groupes de soutien. Il y a par exemple des groupes qui se structurent autour d’appartenances politiques : mouvement rebelle d’Abdel Wahid el Nour, Mouvement populaire de libération du Soudan – Nord (SPLM-N), etc. D’autres comités se constituent autour de critères d’âge ou de genre : « l’initiative des jeunes soudanais en France », ou encore « Mahan min ajl Al tahir » qui est un groupe de femmes.
Par ailleurs, les personnalités militantes qui sont connues intègrent les groupes de soutien lorsqu’elles arrivent en France sans regard pour leur date d’arrivée. La trajectoire politique des militants ne s’interrompt pas avec la migration et les figures de leaders de la contestation là-bas bénéficient de leur capital militant ici auprès de la communauté soudanaise.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la diversité des groupes d’activistes ou associations existantes n’est pas un indicateur de divisions au sein de la communauté soudanaise en France. Beaucoup de membres de la communauté soudanaise sont multi-positionnés au sein de ces structures, que ces dernières soient à finalités militantes ou socio-culturelles. Il ne faut cependant pas penser cette communauté soudanaise comme un tout homogène, bien sûr il existe des dissensions internes, notamment sur la place de l’islam dans le mouvement contestataire et dans les manières de concevoir un futur Soudan.
Chaque groupe ou militant fait jouer ses réseaux, ses connexions pour donner à voir la situation soudanaise : de nombreux militants soudanais sont connectés au milieu associatif français en lien avec l’accueil en France et les réfugiés, témoignant des résonances qui se créent entre différents réseaux militants – français et soudanais dans ce cas là. C’est aussi grâce à cet appui que se tiennent certains événements, et que les informations circulent ainsi dans toute la France. Le livret édité en 2016 par la Maison de la grève de Rennes « De Calais au Soudan : 3 jours avec les révoltés soudanais » se retrouve aux côtés de la nouvelle brochure éditée par l’Amicale de Lyon à l’occasion d’une soirée sur « Le Soudan : quelle révolution en exil ? » (Le 24/03/2019). Le soutien du soulèvement du Soudan rend particulièrement visible la continuité des trajectoires politiques de certains militants soudanais qui deviennent des leaders locaux du mouvement dans leur ville d’accueil.
Quel est le lien entre les groupes mobilisés à Khartoum, par exemple l’Association des professionnels, et les activistes de la diaspora ?
Nous avons déjà évoqué les différents modes d’action de la diaspora, et il faut sans doute insister sur la circulation des informations, des vidéos, des idées, via les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram) qui occupent aujourd’hui une place prépondérante dans les liens entre ici et là-bas et dans la constitution de l’image d’un peuple soudanais uni dans la même lutte, au risque d’amplifier parfois la réalité.
« Les appels incluaient la diaspora aux journées de mobilisations soit en même temps que des actions menées sur place au Soudan, soit au contraire de manière à ce qu’il se passe quelque chose dans le monde quasiment tous les jours. »
L’Association des Professionnels Soudanais (Sudanese Professional Association, SPA), publie des appels à mobilisation sur les réseaux sociaux qui dépassent le cadre national et donnent un rôle à jouer à la diaspora. Les leaders du mouvement appellent ainsi à manifester devant les ambassades soudanaises à l’étranger, devant les ministères des affaires étrangères des pays d’accueil.
C’est intéressant aussi de remarquer que cette inclusion des Soudanais de la diaspora est apparue en même temps que l’association se structurait et commençait à formaliser ses appels : les lieux de rendez-vous sont devenus plus précis, les trajets prévus et alternatifs des marches ont été détaillés sur des cartes, des thèmes de manifestation sont progressivement apparus (marche des femmes, marche des martyrs, etc.), des appels coordonnant les actions sur une semaine ont été publiés. Et ces derniers incluaient la diaspora aux journées de mobilisations soit en même temps que des actions menées sur place au Soudan, soit au contraire de manière à ce qu’il se passe quelque chose dans le monde quasiment tous les jours. Je pense que c’est la première fois qu’un mouvement politique soudanais dépasse les frontières nationales avec autant de force, et autant de volonté de rendre la cause visible.
Cela montre aussi les liens physiques entre la SPA et les activistes de la diaspora. En France il y a peu de représentants de l’association, mais si on regarde en Angleterre, la mobilisation est, en miroir de ce qui se passe au Soudan, pour part portée par l’association professionnelle des médecins (Sudan doctor Syndicate UK/Ireland) qui réunit les médecins soudanais en Angleterre et en Irlande. Aux États-Unis également les associations de professionnels jouent un rôle dans la mobilisation. Les groupes politisés d’opposition y sont également plus nombreux et mieux représentés ce qui explique la présence plus importante de membres de la SPA dans ces pays.
Par ailleurs, les circulations d’activistes depuis quatre mois et le début du soulèvement ne se sont pas interrompues et il est probable que les réseaux de la SPA, et les réseaux familiaux s’organisent pour faire sortir du pays, quand ils le peuvent, les personnes particulièrement ciblées par la répression sur place. On peut penser qu’il y a actuellement des arrivées de militants dans les pays d’Europe, et imaginer que d’autres vont prendre le relai sur place. Quatre mois de révolte c’est long et pour le moment il n’y a pas de démobilisation ou d’essoufflement du mouvement, ni dans la diaspora ni au Soudan.
Notes
- Ester Serra Mingot, Protecting accross borders. Sudanese families accross Netherlands, the UK and Sudan, 2018, thèse de géographie, Université de Maastricht et Université Aix-Marseille, p. 69. ↩︎
- Voir les statistiques des demandes d’asile 2015 sur le site du département ‘Immigration, asile, accueil et accompagnement des étrangers en France’ du ministère de l’Intérieur français. ↩︎
- Pour un peu plus de 2500 comptabilisés en France (Serra Mingot, op.cit). ↩︎
- Pour un peu plus de 2500 comptabilisés en France (Serra Mingot, op.cit). ↩︎
- La sérigraphie est vendue en ligne depuis le site de l’artiste. ↩︎
- Elhassan Sara, « How Sudanese Art is Fueling the Revolution », Okay Africa, 21 février 2019. Comme le montre les articles : Le Monde, AFP, « Le caricaturiste Khalid Albaih, « ambassadeur » du Soudan révolté », 3 avril 2019, et, Av Israa Elkogali Häggström, « Art for the Revolution: How Artists Have Changed the Protests in Sudan », Kultwatch, 2 avril 2019. ↩︎