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Axe 2 – Dynamiques et transformations politiques

Présentation

Ces dernières années, transformations politiques et changements de régime se sont multipliés à travers le continent. Coups d’État militaires, révisions constitutionnelles, exercices électoraux contestés ou encore régression des libertés individuelles et publiques poussent certains auteurs et autrices à postuler un “retour de l’autoritarisme en Afrique” (Magnani et Vircoulon, 2019). D’autres postulent l’émergence d’une “nouvelle catégorie d’autoritarisme de type développementaliste” dans des pays qui “cultivent ostensiblement le sacrifice des libertés individuelles au profit d’objectifs communs, […] tout en favorisant la prospérité économique et le développement” (Matfess, 2015; Ngcayisa 2021). Ces remises en cause du modèle de démocratie libérale peuvent aussi prendre la forme d’insurrections armées, se revendiquant parfois d’une orientation religieuse. Il est alors courant de les rattacher au « terrorisme islamique » et d’y voir le prolongement du djihadisme d’Al-Qaïda ou de Daech (Pérouse de Montclos 2018). En réalité, ces mouvements s’inscrivent dans des logiques de terroir et dans une histoire régionale pluriséculaire (Chétima 2020; Sandor & Campana 2019). Ils concourent à une recomposition politique de l’État-nation postcolonial qu’ils contraignent à se redéfinir, par exemple par un retour de l’armée au pouvoir ou par une révision de ses relations diplomatiques. Ils véhiculent, en outre, des revendications sociales et culturelles autant que religieuses et révèlent le poids de crises agraires et multiformes (Olivier de Sardan 2023), auxquelles ils se targuent d’offrir des éléments de réponse.

À rebours d’approches de type bureaux de conseil ou think tank, cet axe de recherche souhaite prendre pour objet les dynamiques politiques actuelles et récentes des Afriques au sud du Sahara. Il s’agira de les étudier dans une perspective résolument empirique et non normative, attentive aux pratiques ainsi qu’aux logiques et héritages de temps long. On cherchera, par exemple, à ne pas considérer les “autoritarismes africains” comme une essence ou une catégorie en soi mais plutôt à l’interroger (a-t-elle une assise réelle ?) et questionner les usages qui en sont fait, leur pertinence, leurs effets. On pourra aussi s’intéresser au rapport des citoyens et citoyennes à l’Etat ; au rôle des mouvements sociaux et à leur influence sur les politiques publiques et les agendas politiques internes ou affichés ; ou encore à l’impact des interventions étrangères (y compris les investissements, l’aide internationale, les politiques diplomatiques) et aux réponses des régimes africains aux pressions et opportunités internationales.

Ressources

  • Chétima, M. (2020). Comprendre Boko Haram à partir d’une perspective historique, locale et régionale. Canadian Journal of African Studies / Revue canadienne des études africaines, 54(2), p. 215-227.
  • Magnani, V. & Vircoulon, T. (2019). Vers un retour de l’autoritarisme en Afrique ?. Politique étrangère, 2, p. 9-23.
  • Matfess H. (2015). Rwanda and Ethiopia: Developmental Authoritarianism and the New Politics of African Strong Men. African Studies Review, 58(2), p. 181-204.
  • Ngcayisa , L. (2023). Developmental Authoritarianism in Africa: The cases of Ethiopia, Rwanda, and Uganda. Journal of Central and Eastern European African Studies, 1(3), p.93–118.
  • Pérouse de Montclos, M.-A. (2018). L’Afrique, nouvelle frontière du djihad ? Paris : La Découverte, 160 p. 
  • Olivier de Sardan, J.-P. (2023). L’Enchevêtrement des crises au Sahel : Niger, Mali, Burkina Faso. Paris : Karthala.
  • Sandor, A., & Campana, A. (2019). Les groupes djihadistes au Mali, entre violence, recherche de légitimité et politiques locales. Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne Des Études Africaines, 53(3), p. 415–430.

Séances du séminaire

  • Séance 1Brice Molo. Catastrophes, utilité publique et renégociation de l’Etat au Cameroun. Histoire d’une socialisation événementielle. 6 novembre 2024.
  • Séance 4 – Diane Alima Cissé. Accaparements des terres et micromobilisation aux abords du lac de Guiers au Sénégal. 3 décembre 2024.
  • Séance 5 – Noor Talas. Divides, ruptures, sutures: Navigating the post-colonial legacy and the contemporary political positions in Mauritania to tackle impunity and foment GBV awareness. 17 janvier 2025.
  • Séance 6 – Romain Tiquet. Koutal Keur Malick Ndiaye : entre enfermement, contrôle économique et relégation des corps (post)coloniaux (Sénégal années 1930-1970). 23 janvier 2025.
  • Séance 7 – Paul-Crescent Beninga. Le 3e mandat de Touadera en République centrafricaine : entre stratégies de mobilisation et d’opposition. 10 février 2025.
  • Séance 8 – Louise Klein. Réformes du droit et politiques juridictionnelles au Somaliland colonial et postcolonial (1884-2021). 19 février 2025.